NOURRITURE DU FUTUR : DE LA VIANDE FABRIQUÉE EN LABORATOIRE…


Dans le cadre d’un projet dans le domaine de la recherche sur la viande “artificielle”, une équipe de chercheurs du Département d’ingénierie biomédicale de l’Université de Tel-Aviv, dirigée par le Dr. Amit Gefen, spécialiste mondial de génie tissulaire, va tenter de développer une méthode pour fabriquer de la poitrine de poulet en laboratoire. L’étude, commanditée par la Fondation pour l’agriculture moderne, organisation à but non lucratif fondée début 2014 en Israël visant à réduire la dépendance par rapport aux aliments d’origine animale, a pour but d’évaluer la faisabilité de la production in-vitro de ce type de viande. D’après les dirigeants de l’association, les résultats de la recherche, lancée officiellement le 1er janvier, seront publiés et partagés avec le grand public.


“Avec la croissance actuelle de la population mondiale et se projetant vers l’avenir, l’humanité a besoin d’envisager des modèles plus durables de production alimentaire, qui fournissent des alternatives aux méthodes traditionnelles par lesquelles nous produisons actuellement des protéines de source animale pour la consommation. L’ingénierie tissulaire peut offrir de telles solutions de rechange. C’est pourquoi nous explorons la faisabilité du développement d’une poitrine de poulet, aliment populaire dans de nombreux pays, à partir de cellules multipliées en laboratoire, et des défis technologiques et financiers que se posent sur la voie d’une production commerciale” explique le Dr. Amit Gefen.

La viande in-vitro est produite depuis un pool de cellules récoltées à partir d’animaux vivants et placées en incubateur dans un sérum riche en substrats énergétiques, acides aminés et sels minéraux pour favoriser le métabolisme et la croissance cellulaire. Au bout de quelques jours se créée une mince couche de tissu musculaire, identique au type de viande consommée aujourd’hui, 100% viande de poulet, mais sans poulet.

D’après le Dr. Gefen : “dans l’hypothèse où l’on parvienne un jour à créer des lignes de production de viande de poulet ou autre au moyen de l’ingénierie tissulaire, simplement en cultivant des cellules in vitro et en les laissant se diviser et se multiplier, cela reviendra à produire un aliment à partir de rien. La biologie nous fournit une source alimentaire presque inépuisable”.

La production de viande artificielle est un défi auquel personne n’a encore pu faire face. Il y a deux ans, des chercheurs néerlandais ont produit le premier hamburger constitué de viande générée en laboratoire. Le coût de cette boulette a atteint un quart de million de livres sterling. Le prix élevé n’est pas le seul problème auquel se trouvent confrontés les chercheurs de l’Université de Tel-Aviv; ils doivent également faire face à de nombreuses difficultés techniques.

Les cellules normales se développent in vitro sur une seule couche ; pour obtenir l’aspect d’un tissu musculaire “en trois dimensions”, il est nécessaire de produire une tension mécanique. Il faut également trouver les conditions optimales pour une croissance rapide des cellules, sans perdre leurs caractéristiques spécifiques. De nombreux autres problèmes se posent, comme celui de la source de nutrition des cultures (actuellement un sérum animalier), et du facteur de croissance utilisé pour la prolifération cellulaire.

Les chercheurs soulignent toutefois qu’il ne s’agit pas de cellules génétiquement modifiées, mais de cellules naturelles, et qu’ils n’ont l’intention de ne produire artificiellement que l’environnement de croissance. Quoiqu’il en soit, pour les dirigeants de la Fondation pour l’agriculture moderne, il s’agit bien d’aider à restructurer l’industrie alimentaire et à la faire progresser vers un monde plus propre, plus sain et plus respectueux de l’environnement.

La viande de laboratoire ne nécessite pas d’élevage d’animaux dans des hangars industriels surpeuplés ni leur abattage, et elle produira une empreinte écologique considérablement réduite (en termes de terrain, d’eau, etc). Un tel produit sera également largement supérieur en termes de santé et de sécurité alimentaire à pratiquement toutes les viandes de chair de poulet actuellement consommées, fabriquées en usine.

L’étude de faisabilité devrait être achevée dans un an, et les chercheurs sauront alors s’ils auront pu relever le défi et élever des cellules de poulet in-vitro, révolutionnant potentiellement la manière dont nous produisons la viande pour la consommation humaine.




Commentaires

Enregistrer un commentaire